Il y a quelques semaines lors d’un plateau, je remarquais, entre deux rencontres, un père tentant d’expliquer à sa progéniture ce qu’il fallait faire pour réceptionner un ballon.
Avec bien du mérite, au vu du peu d’écoute qu’il avait en retour.
Me vint alors cette question à l’esprit. Si notre rejeton aime le même truc que nous, pouvons-nous encore, sans culpabiliser, lui filer des tuyaux qui lui permettront de dribbler les erreurs par nous jadis commises quand nous étions joueur ou, si nous n’étions pas joueur, lui donner des conseils en regard de ce que l’on perçoit sur ce qu’il devrait faire pour améliorer ses prestations ?
Un père qui avait sans doute à l’esprit : « Je ne vais quand même pas la fermer quand je suis persuadé qu’elle jouera mieux si je l’ouvre ».
En clair, lui expliquer en détails ma frappe et mon service, lui décortiquer ma passe et mes balles placées, lui seriner qu’il faut utiliser ce pied-là en réception quand le ballon arrive de ce côté-ci,….parce que je l’ai compris tout seul à 18 ans et que c’était déjà trop tard.
Et mille autres choses encore.
Pas pour bourrer le crâne, mais pour transmettre.
Parce qu’il n’y a rien de plus pelant que de voir les gaffes et les erreurs se perpétrer de génération en génération.
Il ne s’agit pas d’inoculer le virus du volley, mais de transmettre un savoir.
Même si le père n’est ni joueur ni entraîneur, et qu’il le fait plus instinctivement car il en a perçu des critères de réussite.
Bon, jusque-là, tout va bien.
Cela se complique si lors du plateau se trouvent papy et mamy ou un extérieur à la famille dans les gradins. Et qu’à la fin du match, cet extérieur se permet une phrase du genre : « Plus tard, tu joueras à Cannes ou en Equipe de France, n’est-ce pas ? ».
« Mais non », dira le père…. « Il s’agit juste qu’elle fasse du sport, pas qu’elle devienne la championne que je n’ai pas été ! ».
Mais si qu’il en rêve ! Mais seulement un peu…Comme quand on veut gagner à l’Euromillions ou avoir le Quinté dans l’ordre.
En sachant qu’il y a peu de chance si l’on tient compte des lois du don, de l’apprentissage, des accidents de parcours et des statistiques.
Un rêve secret qu’il faut penser à transformer en rêve éveillé.
Car il faut voir plaisir et non carrière.
Transmettre le savoir ne doit pas être obnubilant.
Apprendre le volley est une clé pour l’âge adulte. Mais doit faire partie d’un trousseau, comme la natation, le dessin, la musique, le VTT, etc…
En résumé, goûter à tout sans s’obséder sur rien. Que chacune se transcende dans cette activité principale de volley, mais sans être fermée à d’autres activités.
Savoir que si le volley est la chose qui l’occupe le plus aujourd’hui, cela ne l’empêchera pas demain d’être occupée à d’autres choses avec autant de bonheur.
Que donc pour le moment présent, le volley reste un plaisir, même si la jeune joueuse doit essayer de tirer le meilleur d’elle-même (et par conséquent avoir le goût de l’effort, pas toujours compréhensible avec la notion de plaisir).
Tout cela pour que la joueuse ne vous reproche pas plus tard : « Bon, maintenant que je t’ai gagné ton Championnat du Var, ta Finale de Ligue, …etc, tu me lâches les baskets ! Je m’inscris à des cours de musique pour chanter comme les One Direction, je suis une formation sur le lissage des cheveux, et j’attaque la collection des blagues de Carambars ! ».
Parents, entraîneurs, essayons que ce jour-là n’arrive pas.
Eric LAFALIZE – Mai 2013